Le lobby international de l’amiante au Québec perd un autre administrateur

Thu, Oct 11, 2018

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Kathleen Ruff, RightOnCanada.ca

L’association internationale de l’amiante fut créée par l’industrie de l’amiante en 1975 pour augmenter le commerce mondial de l’amiante. Située d’abord à Paris puis à Londres, l’association s’est installée au Québec en 1997 et continue aujourd’hui à opérer comme une «personne morale sans but lucratif» incorporée au Québec. En 2005, elle prend le nom d’Association internationale du chrysotile, souhaitant éviter ainsi l’utilisation du mot «amiante».

Depuis plus de 20 ans, l’Association internationale du chrysotile (AIC), située d’abord à Montréal et ensuite à Thetford Mines, Québec, a travaillé à accroître la vente de l’amiante dans les pays pauvres et a exercé des pressions politiques pour empêcher ces pays d’interdire l’utilisation de l’amiante. L’AIC est financée par des sociétés minières d’amiante et par des compagnies qui s’enrichissent grace à la vente d’amiante.

Les membres de l’Association international du chrysotile tombent de 23 à 6

Il y a cinq ans, en 2013, l’AIC comptait 23 membres de 16 pays: le Kazakhstan, la Russie, le Brésil, la Chine, l’Inde (trois administrateurs), l’Indonésie, les Émirats arabes unis (deux administrateurs), la Colombie (deux administrateurs), le Mexique (deux administrateurs), le Sri Lanka (deux administrateurs), le Canada (deux administrateurs), les  États-Unis, la Bolivie, le Vietnam, l’Iran et le Sénégal.

À la fin de 2017, l’AIC se voyait réduite à sept membres venant de sept pays. Maintenant, ils ont perdu un autre membre clé – le Brésil.

La mine brésilienne d’amiante Cama Brava était un membre de longue date et un bailleur de fonds majeur de l’AIC. Plus maintenant. Rubens Rela Filho, représentant de la mine de Cana Brava, a maintenant quitté le conseil d’administration de l’AIC. En novembre 2017, la Cour suprême fédérale du Brésil a rendu une décision interdisant la vente ou l’utilisation de l’amiante, affirmant que cela violait le droit à la santé et le droit à un environnement durable énoncés dans la constitution brésilienne.

Seulement trois pays continuent à exploiter et à vendre de l’amiante

Aujourd’hui il n’y a que trois pays qui continuent à exploiter et à vendre de l’amiante – la Russie, le Kazakhstan et la Chine.

L’AIC est maintenant en réalité financée par des mines d’amiante de deux pays – la Russie et le Kazakhstan (la Chine n’est plus membre) – et par des vendeurs d’amiante dans deux pays – l’Inde et le Mexique.

Les six directeurs de l’AIC aujourd’hui sont:

  • Yury Kozlov, représentant la mine d’Uralasbest en Russie
  • Kanat Kopbayev, représentant la mine d’amiante Kostanai au Kazakhstan
  •  Dr. G. Vivekanand, représentant des vendeurs d’amiante en Inde
  • Galvan Carriles, représentant des vendeurs d’amiante au Mexique
  • Chirandu Dhlembeu, représentant d’une future mine d’amiante possible au Zimbabwe que le gouvernement veut rouvrir
  • Bob Pigg, ancien président de la défunte Asbestos Information Association, Amérique du Nord, qui ne représente que lui-même

L’Association internationale du chrysotile enrégistrée au Québec n’a aucun représentant du Québec

L’Association internationale du chrysotile est enregistrée au Québec comme une «personne morale sans but lucratif». Par le passé, Jean-Marc Leblond de Thetford Mines, ancien vice-président des ventes pour la mine LAB Chrysotile Inc., qui est maintenant fermée, était identifié comme président de l’AIC et comme «la personne physique» qui représentait l’Association.

Cela a changé. Personne n’est identifié aujourd’hui comme président de l’AIC. Et c’est maintenant Emiliano Alonso Pelegrin, un avocat-lobbyiste qui est identifié comme étant «la personne physique» qui représente l’Association avec pour adresse – 3900 – 1 Place Ville-Marie, Montréal (Québec) – ce qui est l’adresse de Dentons, une compagnie qui compte plus de 100 avocats.

M. Pelegrin n’habite pas le Québec. Il est propriétaire d’un cabinet d’avocats, Alonso & Asociados, situé en Belgique et en Espagne, qui exerce des activités de lobbying  auprès de l’Union européenne et des Nations Unies.

L’AIC a fourni une adresse qui semble être fausse

L’adresse à Montréal que l’AIC a fournie au registraire des entreprises pour M. Pelegrin semble être fausse. La compagnie Dentons à cette adresse confirme que «  M. Emiliano Alonso Pelegrin n’est pas un avocat de Dentons. »

La législation québécoise requiert que «la personne physique» qui représente une organisation incorporée au Québec doit résider au Québec. Non seulement la «Personne physique» qui représente légalement l’AIC ne réside pas au Quebec mais l’AIC n’a aucun représentant québécois parmi ses directeurs. Ils craignent peut-être que ce serait de la mauvaise publicité d’avoir comme représentant ou directeur quelqu’un qui habite un pays qui est en train de bannir l’utilisation de l’amiante tout en le vendant comme un produit sécuritaire pour les pays pauvres.

M. Pelegrin a déjà participé à des réunions du conseil d’administration de l’AIC et a été engagé par l’AIC pour mener des activités de lobbying en 2017 afin d’empêcher la Conférence des parties à la Convention de Rotterdam d’inscrire l’amiante chrysotile sur sa liste de substances dangereuses.

Au Québec, un organisme à but non lucratif est « une personne morale dont les activités sont exercées dans un but social, éducatif, religieux, philanthropique, sportif ou autre et ne visent pas à procurer à ses membres un profit ou quelconque avantage économique. »

En réalitè, l’Association internationale du chrysotile s’engage dans des activités qui visent à augmenter les profits de ses membres et qui causent des souffrances et la mort. Leurs activités sont condamnées comme immorales par la communauté scientifique québécoise, canadienne et mondiale.

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